Grossesse en milieu scolaire
Face au nombre alarmant de grossesses enregistrées chez les élèves filles du primaire et du secondaire, plus de 5000 cas rien qu’en 2013, le gouvernement ivoirien a sonné la mobilisation et lancé une action d’envergure pour endiguer le phénomène, avec l’appui de l’UNFPA, le Fonds des Nations Unies pour la population. Laetitia B., 18 ans, taille moyenne, teint clair, vit à Duékoué, ville située à 457 km à l’Ouest d’Abidjan, la métropole ivoirienne. En janvier 2013, elle a interrompu ses études en classe de 5ème au lycée de la ville, suite à une grossesse non désirée contractée avec son petit ami Jean Luc, 21 ans, sans emploi fixe. Laetitia n’en était pas à sa première grossesse.Elle était tombée enceinte une première fois à l’âge de 15 ans ; elle était encore à l’école primaire, au cours moyen I. Sans en informer ses parents, elle a fait un avortement clandestin. Lors de sa seconde grossesse, elle vivait à Duékoué avec son père, un instituteur. « Quand mon père a su que j’étais à nouveau enceinte, il était furieux. Je me suis enfuie à Abidjan où ma mère s’était installée après sa séparation d’avec mon père», raconte-t-elle. Une élève, tenant une bougie, porte un tshirt à message: "Zéro grossesse à l'ècole, J'y adhère" La gravité de la situation n’a pas échappé aux décideurs et personnes influentes du pays, comme en témoignent les propos de la Première dame, Mme Dominique Ouattara, dans un lycée public en mai 2013 : « L’important taux de grossesses précoces dans nos écoles est une menace pour l’avenir de la femme dans notre Pays et nous devons agir sans attendre. Tous à nos niveaux respectifs: élèves ; parents d’élèves ; enseignants devons-nous impliquer activement et dénoncer les abus sexuels en milieu scolaire. C’est en brisant le silence que nous en viendrons à bout. » Selon M. Saidou Kaboré, représentant adjoint de l’UNFPA en Côte d’Ivoire, les causes d’un tel désastre sont multiples : « … une sexualité précoce chez près de 5 millions d’adolescents et jeunes scolarisés, une précarité liée aux conditions de vie de ces adolescents et jeunes souvent éloignés du cercle familial et échappant à tout contrôle parental, la faible dispensation de l’éducation sexuelle à l’école, l’insuffisance de la communication entre parents et enfants en matière de santé sexuelle et de la reproduction, l’ampleur des mariages précoces, l’insuffisance de l’offre de services de santé de la reproduction pour les jeunes et adolescents ». Un plan accéléré de réduction des grossesses en milieu scolaire Face à ces chiffres alarmants et en hausse constante, l’UNFPA s’est engagé à soutenir la Côte d’Ivoire dans son combat pour inverser cette tendance. Dans ce cadre, un plan accéléré de réduction des grossesses en milieu scolaire 2013-2015 a été conçu en septembre 2013 avec l’appui technique de l’UNFPA et la participation du ministère de la Santé et de la société civile. Ce plan prévoit notamment la création d’un club de lutte contre les grossesses et les infections sexuellement transmissibles dans chaque établissement, l’offre de services de santé sexuelle et reproductive, ainsi que des sanctions disciplinaires et pénales plus fortes à l’encontre des auteurs de ces grossesses Les six stratégies du plan accéléré de réduction des grossesses en milieu scolaire 2013-2015 Créer un environnement favorable au plan administratif, social, médiatique et juridique. Informer, éduquer et communiquer avec les élèves sur la santé sexuelle et reproductive (SSR) pour un changement de comportement. Utiliser les arts, la culture et les sports pour la promotion de la SSR à l'école. Utiliser les TIC dans la promotion de l'offre des services en santé sexuelle et de reproduction des jeunes. Renforcer l'offre de service de SSR en milieu scolaire. Réduire la vulnérabilité de la jeune fille scolarisée. Empty heading e plan comporte parmi ses actions stratégiques une campagne nationale « Zéro grossesse à l’école ». Celle-ci a été lancée le 28 février 2014 par la Ministre de l’Education Nationale et de l’Enseignement Technique, Mme Kandia Camara, à Bondoukou (Nord-Est), une des régions les plus touchées. « C’est un obstacle majeur à l’éducation des filles qu’il faut absolument lever » a déclaré la ministre. Lisant « l’appel de Bondoukou », elle a souligné la nécessité de passer à la répression contre les auteurs de grossesse en milieu scolaire. Au cours d’un échange avec les leaders communautaires, religieux et traditionnels, Mme Camara a prôné la communication entre parents et enfants, « sinon, la télévision ou internet le fera à notre place ». Elle a également annoncé l’ouverture dès la rentrée 2014-2015 d’un lycée des jeunes filles avec internat, une demande de la chefferie traditionnelle de Bondoukou, avec à sa tête le Roi des Abron Nanan Adjoumane. « C’est l’absence des structures appropriées pour l’encadrement des jeunes filles comme les internats et les foyers pour jeunes filles qui explique ces grossesses. Une fois admise au collège, la jeune fille est obligée d’aller loin de ses parents. Et là, elle est livrée à elle-même », a expliqué le porte-parole du Roi. Le Roi a également pris l’engagement de mener une lutte acharnée contre les mariages et les grossesses précoces dans l’ensemble des 1103 villages de la région avec l’appui des chefs de village et du préfet de la région. De son côté, le pasteur Kouakou Adou, président du collectif des pasteurs de Bondoukou, a prôné l’éducation sexuelle à l’école, le renforcement de l’encadrement spirituel et des mesures allant dans la protection de la jeune fille contre les « prédateurs ». Une situation qui ne laisse pas les élèves indifférents Au milieu de la foule venue pour le lancement de la campagne, un groupe d’élèves discute : « Ici à Bondoukou, s’il y a tant de grossesses, c’est la faute aux parents », affirme une jeune fille. « C’est vrai, ils ne s’occupent pas de leurs filles », approuve une autre. Et le garçon du groupe d’ajouter : « les filles sont livrées à elles-mêmes sans aucun soutien des parents. Conséquence, elles deviennent des proies faciles ». Le défilé des élèves venus de plusieurs écoles de la région, y compris les écoles confessionnelles musulmanes, a permis de véhiculer des messages inscrits sur des banderoles tels que : « Zéro grossesse à l’école, j’y adhère »; « Je suis un enfant. Un enfant ne fait pas d’enfant. Un enfant va à l’école pour réussir. Je m’abstiens» ; «On ne fait pas d’enfant à un enfant». Offre de services de santé de la reproduction a poster with a person dancing Jeunes clients au stand de conseil sur la santé de la reproduction Le centre culturel de Bondoukou a été transformé en site de consultation foraine, accueillant les jeunes pour les informer sur les questions de santé de la reproduction et de planification familiale. Après le stand de conseils et de démonstration du port de préservatif dès l’entrée du centre culturel, le jeune client est dirigé vers le stand de dépistage du VIH/sida s’il veut connaitre son statut sérologique. Ailleurs, deux isoloirs reçoivent des femmes pour le dépistage du cancer du col de l’utérus selon un agent de l’Association ivoirienne pour le bien-être familial. Plus loin, des salles ont été aménagées pour la distribution des contraceptifs : pose d’implants, de DIU, injection, pilule, etc. Le gouvernement soutient fermement la réduction des grossesses à l’école et veutréaliser le dividende démographique en Côte d’Ivoire Le 2 avril 2014, le Conseil des ministres a adopté formellement le Plan accéléré de réduction des grossesses en milieu scolaire 2013-2015 et affirmé sa volonté de lutter contre la vulnérabilité de la jeune fille en milieu scolaire et d’offrir les mêmes chances de réussite à tous les enfants fréquentant les écoles. L’UNFPA en Côte d’Ivoire entend pour sa part non seulement remplir sa mission de réaliser un monde où chaque grossesse est désirée et faire en sorte que le potentiel de chaque jeune est accompli mais également soutenir le gouvernement dans sa volonté d’exploiter le dividende démographique. Cette volonté a été récemment réaffirmée par le ministre ivoirien du plan et du développement, Dr. Albert Mabri Toikeusse, pour qui il faut « accompagner la réalisation du dividende démographique dans les pays africains afin d’obtenir une population active plus importante.» Le dividende démographique est la croissance économique accélérée qui peut se produire lorsque la structure de la population dans un pays évolue suite au passage d’un taux de croissance démographique élevé à un taux plus faible. Cela passe par la baisse de la fécondé, l’accès à la planification familiale ainsi que l’amélioration de la santé et de l’éducation des enfants. Ainsi, à un moment donné, les jeunes dépendants sont moins nombreux par rapport à la population en âge de travailler. Ce phénomène crée une opportunité de croissance économique plus rapide à condition de mettre en œuvre des politiques sociales et économiques et des investissements adaptés, notamment en matière de santé, d’éducation et de formation professionnelle adéquate des jeunes générations. Cette transformation de la structure démographique constitue une fenêtre d’opportunité parce qu’elle offre aux pays des possibilités de stimuler la participation à la vie active, les revenus, l’épargne, les investissements et le changement social. a person holding a baby Des élèves de Bondoukou (Nord-Est) au lancement de la campagne L’UNFPA aide les gouvernements à comprendre comment la planification familiale, la survie de l’enfant et l’éducation des filles contribuent à la réduction de la fécondité, à la transformation de la pyramide des âges et à l’ouverture de la fenêtre d’opportunité pour la croissance économique. Il faut rappeler que les jeunes de 15 à 24 ans représentent 19 pour cent de la population ivoirienne estimée à 23.8 millions habitants en 2013 et les moins de 15 ans, 43% de la population totale. Selon l'enquête officielle sur la " Situation de l’emploi en Côte d’Ivoire" réalisée en 2012, la population active en Côte d'Ivoire est estimée à 10,7 millions de personnes, le chômage des jeunes de 14 à 35 ans est de 12,2% et la proportion des jeunes de 14-35 ans qui ne sont "ni en emploi, ni en éducation, ni en formation" est de 21,7%. Les grossesses d'adolescentes ne sont pas seulement une question de santé, elles sont aussi une question de développement. Elles sont une des raisons principales pour lesquelles les filles abandonnent l'école très tôt, ce quianéantit dans le même temps leurs chances d’avoir accès à des opportunités socio-économiques et contribue à perpétuer le cycle de la pauvreté. " Si l'Afrique veut profiter de sa transition démographique, comme d'autres régions l’ont fait, nous devons investir dans nos filles et en veillant à ce que chaque jeune a accès à une alphabétisation fonctionnelle et des soins de santé de qualité, y compris les services de santé sexuelle et reproductive et l'éducation à la sexualité. Nous devons réformer nos politiques économiques à créer des opportunités pour l'innovation, l'entrepreneuriat et l'emploi décent pour les jeunes», a souligné Dr Babatunde Osotimehin, directeur exécutif de l’UNFPA, dans son discours à laConférence régionale africaine sur la population et le développement d’Addis Abeba, en octobre 2013. Grossesses chez les adolescentes en Côte d'Ivoire ---------
École obligatoire
La ministre de l’Education nationale et de l’Enseignement technique, Mme Kandia Camara accompagnée du ministre auprès du Président de la République chargé des Relations avec les institutions de la République, Albert Aggrey, a soumis pour examen à l’hémicycle, le 17 septembre 2015, le Projet de loi portant modification de la loi N°95-696 du 07 septembre 2015 relative à l’enseignement.
Il s’agissait pour la ministre de faire adopter la loi garantissant l’accès à tous les enfants âgés de 6 à 16 ans à l’école. Au cours de cette séance parlementaire Kandia Camara a fait l’exposé des motifs du projet de loi qui a été suivi de débat en commission sur le dispositif légal.
Après, les amendements de fonds et de formes, le projet a été voté en majorité par les députés ivoiriens en plénière avec 204 voix pour, 0 voix contre et 1 voix d’abstention.
Les grandes articulations de cette nouvelle loi concernent la réforme du système éducatif ivoirien, les pesanteurs sociologiques et religieuses, la proximité des écoles des lieux de résidences, le rôle des collectivités territoriales, la prise en compte des langues nationales dans le programme scolaire, les dispositions prévues à l’encontre des enseignants fondateurs d’établissements scolaires privés, le manque d’infrastructures, de matériels didactiques et de personnel enseignant, la distribution tardive des kits scolaires gratuits, les conditions de vie des enseignants et le déclin du système éducatif.
Évaluations standardisées
L’évaluation est la pierre angulaire du processus enseignement-apprentissage. Elle mesure les acquis et les compétences des élèves, renvoie un feed-back aux encadreurs et enseignants, éclaire et guide la gouvernance de la politique éducative.
Mesurant l’importance de l’évaluation des acquis scolaires dans le pilotage du système éducatif, la Côte d’Ivoire a mis en place une structure d’évaluation qui a connu plusieurs mutations:
SNERS: Service National d'Évaluation des Rendements Scolaires (1999-2004)
SDEAS: Sous-Direction de l’Evaluation des Acquis Scolaires (2004-2011)
SVSP: Service de Veille et du Suivi des Programmes (2011-2014)
DVSP: Direction de la Veille et du Suivi des Programmes (depuis 2014)
Quelle est la situation de l’évaluation des acquis scolaires en Côte d’Ivoire ?
I- CADRE GÉNÉRAL DES ÉVALUATIONS AU MENA
La fonction d’évaluation au sein du MENA est assurée par différentes structures :
* évaluation quantitative menée par la DESPS à travers la production de données quantitatives (taux de promotion, taux de transition, taux de scolarisation, nombre d’écoles…)
* L’évaluation qualitative
- évaluation formative, évaluation sommative, évaluation certificative… menée par la DPFC, les structures déconcentrées (DRENA, APFC, IEPP, écoles, lycées et collèges) et la DECO (examens scolaires: CEPE, BEPC, BAC et concours pédagogiques : CAFOP, CEAP, CAP, ACE, ADC…)
- Evaluation standardisée des acquis scolaires à échelle nationale ou dans les zones d’intervention des projets/programmes (PALEC, AVSI et PAPSE) et internationale (PASEC, MILO,TIMSS…) menée par la Direction de la Veille et du Suivi des Programmes (DVSP).
II- ÉVALUATION STANDARDISÉE DES ACQUISSCOLAIRES : DÉFINITION ET BUT
* L’évaluation standardisée des acquis scolaires consiste à :
- recueillir des données,
- porter un jugement sur les apprentissages,
- analyser et interpréter des données,
- faire des recommandations,
- faire le suivi de la mise en œuvre des recommandations.
* Le but de l’évaluation standardisée des acquis scolaires est d’identifier les facteurs de la qualité et ses résultats sont adressés aux acteurs et aux décideurs.
États Généraux de l'Éducation Nationale et de l'Alphabétisation
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GENERALITES
Dans la mise en œuvre d’une politique efficace de développement de notre système éducatif, le gouvernement ivoirien, à travers le Ministère de l’Éducation Nationale et de l’Alphabétisation (MENA), a trouvé utile de se doter d’instruments et d’outils d’aide à la décision à travers l’enquête sur les indicateurs de prestations de services de l’éducation (EIPSE).